Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous présenter le troisième entretien du projet Beyond Theory pour l’année 2024. L’entretien a été accordé par le Dr. Tshepo Mosweu (Université du Botswana) et mené par Lerato Tshabalala, ancienne membre du Programme Nouveaux Professionnels.
À propos de la série
Beyond Theory est un projet du groupe d’experts ICA/PAAG, lancé en 2022, qui vise à fournir un contenu lié à la gestion photographique et audiovisuelle, offrant des possibilités opérationnelles à travers une approche pragmatique. L’objectif principal de cette initiative est d’interviewer des professionnels compétents et très expérimentés impliqués dans différents aspects du flux de travail audiovisuel et photographique.
Pour découvrir les projets précédents, cliquez sur ce lien : Beyond Theory – La série d’entretiens de ICA/PAAG.
Pourriez-vous nous raconter votre parcours dans le domaine des archives audiovisuelles ? Qu’est-ce qui vous a initialement attiré vers cette spécialisation ?
Lorsque j’ai rejoint les Archives nationales et services de documentation du Botswana en 2008, l’une de mes principales responsabilités était la collecte d’histoires orales. Comme vous le savez, les histoires orales impliquent la production d’enregistrements audiovisuels, qui constituent une partie essentielle des archives audiovisuelles. Avant chaque mission sur le terrain, je m’assurais que tout l’équipement nécessaire était prêt. Après les missions, je traitais les enregistrements. Ce processus a suscité mon intérêt pour le domaine des archives audiovisuelles. Aujourd’hui, je suis heureuse de pouvoir enseigner la gestion des archives audiovisuelles aux étudiants de quatrième année à l’Université du Botswana.
Quel rôle joue le patrimoine culturel dans votre approche des archives audiovisuelles dans un cadre académique ?
Avec près de dix ans d’expérience en tant qu’archiviste, je constate que les connaissances pratiques acquises enrichissent considérablement mon travail académique. Que ce soit en classe ou en dehors, je présente aux étudiants des cas concrets et des scénarios réels liés à la gestion et à l’utilisation des archives audiovisuelles. Cette approche les aide à mieux comprendre l’importance de préserver le patrimoine culturel et les encourage à apprécier l’impact des pratiques archivistiques sur la société.
Selon vous, comment le rôle de l’université évolue-t-il pour soutenir l’avenir des archives audiovisuelles ?
Merci pour cette question. Je pense que le rôle des universités dans ce domaine évolue. Il ne s’agit plus uniquement de transmettre des connaissances aux étudiants en classe ou de mener des recherches sur les archives audiovisuelles. Les universités participent de plus en plus à l’élaboration de normes industrielles pour les archives audiovisuelles, collaborent avec des institutions archivistiques pour des projets de préservation et interagissent avec des secteurs connexes tels que la production cinématographique et les médias.
Pouvez-vous partager un projet ou une initiative marquante que vous avez dirigé ou auquel vous avez participé et qui reflète vos contributions dans ce domaine ? Comment ces projets ont-ils impacté les étudiants, l’université ou la communauté archivistique en général ?
En tant qu’enseignante en archivistique audiovisuelle, j’ai initié plusieurs projets significatifs. L’un d’eux consiste à organiser des sorties pédagogiques avec les étudiants au Département de l’information et de la radiodiffusion, une institution clé qui produit quotidiennement une grande quantité de matériaux audiovisuels. Ces visites permettent aux étudiants d’observer directement la création, la gestion et l’utilisation des contenus audiovisuels. Ils rédigent ensuite des rapports critiques qui relient leurs expériences à leurs apprentissages théoriques.
Une autre initiative consiste à inviter des conférenciers spécialisés à partager leur expertise sur des sujets spécifiques liés aux archives audiovisuelles. Par exemple, j’ai accueilli M. Antonio Carlos da Silva, chef de l’unité des ressources multimédias aux Nations Unies à New York, qui a partagé des informations sur leurs projets de numérisation. J’ai également invité Mme Brenda Kotze, directrice adjointe des Archives nationales de films, vidéos et sons d’Afrique du Sud, qui a souligné le rôle des archives audiovisuelles dans la préservation du patrimoine culturel. Enfin, j’ai collaboré avec M. Mpho Dintwa, un producteur de films botswanais, pour discuter de l’utilisation des archives audiovisuelles dans la production cinématographique. Ces échanges offrent aux étudiants des perspectives pratiques et renforcent les collaborations entre les institutions académiques et les acteurs de l’industrie.
Selon vous, quel rôle jouent la collaboration internationale et le partage des connaissances dans l’avancement des archives audiovisuelles ?
La collaboration internationale et le partage des connaissances sont essentiels pour le développement des archives audiovisuelles. En mettant en commun les ressources, en partageant des opportunités de formation, des financements et des équipements, nous renforçons le domaine à l’échelle mondiale. Ces collaborations jouent également un rôle crucial dans l’élaboration de normes pour la gestion et la préservation des archives audiovisuelles, afin de garantir la sauvegarde de ces ressources précieuses pour les générations futures.
Avez-vous autre chose à partager concernant vos expériences ou réflexions sur les archives audiovisuelles ?
Les archives audiovisuelles sont un aspect essentiel de la préservation de notre patrimoine culturel et historique. Mon expérience dans ce domaine a été à la fois enrichissante et stimulante. Mon parcours a commencé aux Archives nationales du Botswana, où j’ai collecté des histoires orales et travaillé avec des supports audiovisuels, approfondissant ainsi ma compréhension des enjeux liés à leur préservation.
L’un des principaux défis est la rapidité des évolutions technologiques. Les formats deviennent rapidement obsolètes, et il est crucial de suivre les avancées en matière de numérisation pour garantir l’accessibilité future des matériaux. Un autre défi, particulièrement en Afrique, est le manque de ressources pour stocker et maintenir correctement ces collections. Cependant, ces défis nous incitent à innover et à collaborer avec différents secteurs comme le cinéma ou la radiodiffusion.
Ce qui m’enthousiasme, c’est l’évolution de ce domaine. Au-delà de la préservation, les archives audiovisuelles se croisent de plus en plus avec des domaines comme la production cinématographique, les médias et la technologie numérique. En impliquant les étudiants directement dans ces processus, grâce à des sorties pédagogiques et des conférences invitées, nous soulignons l’importance de la collaboration internationale pour établir des normes et partager des ressources.